Thyde Rosell-Mujeres Libres

Thyde Rosell
Femmes libertaires,  femmes en lutte...
femmes libres !
J'lai pas vu, j'l'ai pas lu mais j'en ai entendu causer. Mujeres Libres, à peine citée dans l'histoire des femmes, non reconnue comme composante du mouvement libertaire espagnol par les anars eux-mêmes.

Les auteurs d'ouvrages relatant la révolution espagnole, les militants essayant d'en rendre compte dans la presse  anarchiste ont du mal à définir ce mouvement : propos déformés, lesbianisme nié (1), intellectuelles ou ouvrières...

Et pourtant, ce furent des milliers et des milliers de femmes qui s'émancipèrent et assumèrent la situation (2). Plus de 20.000 femmes s'ouvrirent comme des roses (3) à la construction de leur émancipation en termes économiques, sociaux, culturels, éducatifs, guerriers ou médicaux. Le tout dans l'enthousiasme de la jeunesse, de la liberté, au nom de la vie enfin réinventée.

Dès l'origine, les Mujeres Libres considèrent le féminisme comme un mouvement politique visant la prise du pouvoir car aucune organisation de femmes ne remet fondamentalement en cause le fonctionnement de l'État espagnol ou le capitalisme. Ayant comme contre-modèle le courant féministe bourgeois et réactionnaire très actif en Espagne au cours des années trente les initiatrices de Mujeres Libres, formées à la CNT ou aux Jeunesses Libertaires, créeront une organisation de femmes se considérant comme une des composantes du mouvement libertaire.

Sans qu'on le sache, une révolution féministe était en train de naître, de la même manière qu'entre tous nous faisions une  révolution sociale (4). Triples victimes : du capital, du patriarcat et de l'ignorance disent-elles en parlant de  l'oppression féminine. Nous pourrions ajouter un quatrième  joug : celui de la reproduction dans la sphère politique de la hiérarchisation des fonctions. Le mouvement libertaire n'y  échappera pas. Mujeres Libres subira de plein fouet désengagement, désintérêt, humiliation de la part des organisations anarchistes.

La chape de plomb du franquisme, le renouveau du féminisme  des seventies, le silence tonitruant de l'anarchisme organisé ou non participent, chacun dans son domaine, à la méconnaissance de cet élan social, libertaire et féministe de ces milliers de compagnes espagnoles. En effet, Mujeres Libres chamboule les idées préconçues des hommes et des femmes quant à la révolution, la réforme ou "ce qui est bon pour le peuple". Ces femmes à peine alphabétisées (5) dérangent à la fois les tenants du patriarcat, les an