A l'époque moderne, où la propriété
capitaliste est basée sur l'appropriation exclusive du terrain,
et partant, n'a pas besoin de supprimer la personnalité juridique
du travailleur, le droit reflète en lui-même le caractère
usurpatoire qui en forme le substratum et trahit son émanation du
capital. Cela ressort, en effet, de la constante protection accordée
aux fortunes des propriétaires, du non moins constant abandon de
celles des travailleurs, de la liberté absolue concédée
à la propriété, dans ses rapports avec le travail,
et qui forme un contraste frappant avec les freins multiples apportés
aux rapports entre les propriétaires. A ce sujet, le rapprochement
entre le droit du moyen-âge et le droit moderne offre le plus grand
intérêt. En effet, au moyen-âge, où le capital
est faible et où le travail tire, de la terre libre, une force puissante,
le droit aide le capital en réglant le contrat de travail dans un
sens hostile à l'ouvrier. A notre époque, au contraire, le
capital est fort et l'ouvrier privé d'option, le droit remplit sa
mission de gardien de la propriété en s'abstenant de régler
le contrat de louage pour l'abandonner à l'arbitre du capital. D'où
il suit que, avec le passage de l'économie systématique à
l'économie automatique, le contrat de travail descend, d'une réglementation
en sens capitaliste, à une condition hors la loi, qui le livre à
la merci du capital. Et chacun ne sait-il pas que le code civil est essentiellement
inspiré à l'avantage de la classe riche ? En effet, on y
voit réglée, avec le soin le plus minutieux, les rapports
de la redistribution, c'est-à-dire les rapports entre propriétaires
; mais le rapport de distribution, c'est-à-dire le contrat de louage,
est abandonné, à dessein, au bon plaisir de la classe capitaliste,
qui peut ainsi exploiter, à son gré, la classe plus faible
des travailleurs.
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Décidément, l'accès d'hydrophobie
qui s'est emparé du Petit Bourguignonà la suite des
explosions de Barcelone et de Marseille, prend des proportions inquiétantes.
Ses amis sont consternés. L'envoi des rédacteurs de cette
feuille à l'Institut Pasteur, devient absolument nécessaire.
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La police des mÏurs? que Victor Hugo dans ses Misérables et tant d'autres esprits généreux ont flétrie de toutes leurs forces ; cette institution ignoble qui révolte tous les bons sentiments, existe toujours. Trois individus à Dijon sont chargés du dégoûtant et triste métier d'agents des mÏurs. chaque soir ils sont postés place Darcy, coin du Miroir, guettant leur proie pendant des heures aux croisements des rues, comme d'immondes araignées au milieu de leur toile ; pourchassant de pauvres filles que la mauvaise organisation sociale et la canaillerie des jeunes bourgeois poussent à chercher leur vie dans la prostitution. Parmi ces trois suppôts de l'immoralité, l'un d'eux, nommé Demange, que la Mistoufea déjà cinglé vertement, continue plus que jamais ses actes de brutalité. Il n'est pas rare de le voir poser des heures entières devant la porte d'une maison, attendant la sortie de celle qui a pu momentanément se soustraire à ses recherches. Et quand il fait une capture, avec qu'elle sauvagerie il la traîne au violon où presque tous les soirs une demi-douzaine couchent sur la planche, malgré le froid. Puis le mardi suivant, en simple police, il n'est pas rare d'en voir défiler 40 ou 50, qui attrapent 5 francs d'amende (l'argent n'a pas d'odeur pour les bourgeois)et trois jours de prison. Ne pouvant payer, un beau matin on les arrête et d'un coup, pendant trente et quarante jours, on leur fait expier dans une cellule glaciale, le crime de vouloir vivre. O tristes individus qui accomplissez une si monstrueuse besogne ; quelle bestialité est donc la vôtre ? est-ce aussi la faim qui vous presse ? pour vous faire les complices de qui enlèvent sous formes de patente et de visite les quelques sous qui permettraient à ces malheureuses de rester un jour tranquille. Là aussi comme partout la faveur joue un grand rôle. Tandis que des pauvresses sont traquées dans les rues de Dijon et mises en carte, les cocottes de ces messieurs, les vaches des gros bonnets, exercent librement leur métier dans les cafés-concerts ou chez S...., boulevard de la Trémouille, ainsi que dans d'autres établissements, où d'ailleurs les bourgeoises en rut se rencontrent avec des traîneurs de sabre. Tout Dijon se rappelle cette fameuse partie de huit où ces respectables dames, vêtues seulement de bottes et de casques, dansaient un quadrille échevelé avec quatre-z-officiers, dans le même costume. Après cela, allez crier à l'impudeur, bourgeois blasés, qui, dans vos orgies, vous faites servir par des femmes nues (Nous pourrions citer de ces banquets intimes auxquels ont assisté des notabilités très haut placées : députés, généraux, ministres, pairs de France, etc...) Rappelez-vous ce fameux banquet de commerçants et de filles, donné à Paris, que Mme Séverine a si vertement critiqué dans le Journalet dans lequel une femme fut déshabillée de force par ces ivrognes, puis à moitié assommée et enfin traînée devant un tribunal qui la condamna pour outrage à la pudeur. Nous reviendrons sur ce sujet et nous mettrons à nu l'hypocrisie bourgeoise. |
LA BOÎTE DE PANDORE La nouvelle boîte des pandores qui est aussi
celle de Pandore, par son influence, construite dans la rue de Metz, sera
bientôt prête à recevoir la collection de brutes disciplinées
et inconscientes qui doit y loger.
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Si dans l'armée il existe des chefs assassins, il y en a d'autres (ceux là sont rares) qui ont au cÏur l'amour de l'humanité, le fait que nous reproduisons en donnera la preuve. Samedi 18 novembre, à deux heures du soir, devant la caisse d'épargne à Dijon, un homme de 25 ans environ s'approcha d'un lieutenant d'infanterie qui, après quelques paroles échangées et une poignée de main, se retirèrent, chacun de son côté. un rédacteur de la Mistoufe qui avait vu le lieutenant ouvrir son porte-monnaie et tendre au civil un papier bleu, voulut en avoir le cÏur net. S'approchant de ce dernier il lui demanda s'il connaissait le lieutenant. Oui ! répondit-il, c'est un lieutenant du 27me de ligne, dans lequel j'ai fait mon service militaire, comme je lui disais dans quelle situation, je me trouvais, il a ouvert son porte-monnaie et m'a tendu un billet de cent francs, mais moi qui n'ai jamais eu en ma possession une pareille somme, croyant à une mystification de sa part, j'ai refusé. Lui comprenant ce qui se passait en moi, reprit le billet, et avec insistance me donna les pièces d'or qu'il avait, soit cinquante francs que voici, et en effet il avait dans sa main deux pièces de vingt francs et une de dix. Le cÏur rempli de joie, notre homme avisant un petit garçon qui criait la Mistoufe !s'approcha de lui et lui donna pour un numéro 25 centimes qui, à son tour ouvrit les yeux comme des portes cochères de voir que l'on lui payait 5 sous ce qu'il vendait 5 centimes. continuant son chemin il rejoignit un de ses camarades de misère avec lequel il avait fait le voyage de Lyon à Dijon, et se dirigeant vers un marchand de vieilles chaussures de la rue Berbisey, il lui acheta une paire de souliers pour remplacer les volterre et bois l'eauqu'il avait aux pieds puis s'achetant pour lui un bon pardessus chez un fripier, qu'il enfila de suite dessus sa blouse bleue sous laquelle il grelottait, et comme nos deux compagnons n'avaient pas trouvé de travail à Dijon, il partirent aussitôt pour Paris, après avoir pris un repas au coin de la rue Vannerie et de la place Saint-Michel. Si la Mistoufereproduit cet acte, ce n'est pas qu'elle veuille glorifier celui qui l'a fait, non ! car si le lieutenant, d'après nos renseignements,est coutumier du fait, cela ne tient qu'à sa bonne nature et à la fortune qu'il possède, résultat du travail de pauvres martyrs que ses parents ont exploités. Où sont les vrais coquins
Z à Paris. Ñ Reçu timbre. Merci Le premier acte d'un Député
socialiste
L'autre jour, je passais boulevard Carnot, lorsque j'entendis s'écrier
une personne, arrêtée avec d'autres, devant une vitrine :
«Tiens, on dirait du veau.»
Député En jargon bourgeois, le voilà maintenant sur le chemin des honneurs, de la gloire et surtout des chèques. En admettant qu'il était animé des meilleures dispositions (vieux cliché), combien de temps résistera-t-il à la corruption ? Est-il encore indemne aujourd'hui ? A quand les images d'Épinal ? |