Présentation d'AUCA - Argentine

Présentation d'AUCA - Argentine
17 Mar 2003

Traduction par des camarades du Réseau No Pasaran d'un des textes de présentation de l'organisation AUCA en Argentine. AUCA est une organisation anarchiste de tendance révolutionnaire et est membre de Solidarité internationale libertaire
Nos pratiques

L'idée de politique populaire est au centre de nos pratiques politiques et révolutionnaires. C'est pourquoi nous nous inscrivons dans le mouvement social. Nous sommes actifs dans notre voisinage, les universités, les syndicats... afin d'essayer de construire un anarchisme porteur de son propre projet, avec
une stratégie de lutte globale, des propositions réalistes qui défendent les intérêts de la classe ouvrière et des opprimés en général. C'est à ce niveau l'anarchie doit agir, ce qu'elle n'aurait jamais du cesser de faire.  Après plusieurs années d'absence des mouvements populaires (de la FORA : Fédération
Ouvrière Régionale d'Argentine du début du siècle ; en passant par la FARA : la fédération communiste-libertaire d'Argentine de 1935, jusqu'à Résistance Libertaire : expression de l'anarchisme organisé des années 70), les anarchistes doivent s'organiser et créer une grande organisation nationale qui leur soit propre. La lutte histoire des luttes sociales au niveau national mais également en Amérique Latine et dans le monde a permis à de nombreuses personnes de découvrir l'anarchisme. Le projet socialiste et libertaire que nous défendons doit prendre tous ces paramètres en compte. Beaucoup de camarades se demandent ce qu'est l'anarchisme. Ils veulent des réponses concrètes aux problèmes rencontrés. Il nous revient de trouver des alternatives.

Nos pratiques dans les quartiers populaires

Nous portons depuis maintenant 5 ans un projet politique qui trouve son expression dans les quartiers entourant la ville de La Plata. Nous avons commencé par du soutien scolaire, la distribution de verres de lait, de magazines... dans les quartiers populaires. En prenant ces quartiers comme espace d'expérimentation à taille humaine où vivent chômeurs, travailleurs, étudiants et où des tonnes de problèmes sont encore à résoudre, notre but était une lutte autogérée venant de la base sans la participation du PJ (Parti «Justicialiste») et des différents politiciens soucieux de nos intérêts. Nous avons fait
une avancée supplémentaire, la Coordination pour un espace de participation et de solidarité, ce qui a permis aux associations et aux personnes des différents quartiers populaires où nous travaillons de se rencontrer, tout ceci dans le cadre des principes d'unité, de lutte et d'organisation. A la longue, l'évolution de la Coordination et de la lutte atteignant ses limites, nous avons proposé d'aller plus loin dans les luttes sociales, d'élargir nos moyens d'action aux sphères politique et économique. Les conditions de vie dégradantes de notre peuple nous ont ouvert la voie. C'est à ce niveau que les classes populaires sont totalement engagées, essayant de construire une organisation politique et sociale qui lutte pour obtenir des emplois, la justice sociale et la liberté : ce sont là les plus grandes aspirations de ces classes. Alors, le 9 juillet 2001, le congrès fondateur du MUP (Mouvement d'Unité Populaire) est sorti de l'ancienne Coordination, reprenant l'évolution de notre travail en tant qu'organisation politique ainsi que les groupes des quartiers populaires qui se retrouvaient dans le projet de le MUP.

A l'heure actuelle, le MUP est en plein développement, progressant dans son organisation dans différentes villes (La Plata, Florencio Varela, la capitale fédérale et Quilmes) grâce à sa propre structure, sa propre dynamique en tenant d'unir tous les secteurs dans cette lutte. Les différents groupes des quartiers populaires (coopératives, associations...) se retrouvent dans cet espace tout comme les étudiants de l'organisation Aguanegra (qui signifie eau noire) dans laquelle nous sommes investis.

Nos pratiques dans le monde étudiant

Comme nous l'avons déjà souligné, notre champ d'action concerne les luttes sociales. L'université est un de ces espaces de lutte où nous avons un espace qui nous permet de faire valoir des revendications. En effet, le pouvoir y est concentré dans les mains des classes dominantes. La création d'Aguanegra comme
mouvement de lutte étudiant reflétait une certaine façon de faire de la politique. Au départ, nous n'avions pas compris l'importance d'initier différents espaces de lutte, nous pensions qu'il était nécessaire de se baser sur une idéologie politique. C'est pour cette raison qu'en 1997, AUCA était présente à la fac en tant qu'organisation politique. Au long des conflits, alors que notre organisation grandissait, les besoins des étudiants sont devenus de plus en plus variés. Nous avons dû développer une lutte autour des réductions de budget et de l'augmentation des frais d'inscription, contre la LES (loi pour l'éducation
supérieure), contre les problèmes de malnutrition chez les étudiants et leur départ de la fac. Nous avons alors pensé qu'il serait utile de monter un groupe, de créer un espace étudiant luttant aux niveaux politique, social et économique. Cela entraîna l'unité dans la lutte et la création d'une organisation étudiante comme solution possible pour contrer les agissements de l'administration. A l'époque, Aguanegra avait déjà été créé et avait affirmer son autonomie en tant que structure et lutte autonome lors de son 1er congrès en avril 2002. Il visait l'unité du mouvement étudiant, essayant d'être de plus en plus critique et d'agir en conséquence. Ses luttes essayaient de faire vivre l'organisation en mettant ses connaissances au service de la libération des classes populaires.

Les liens entre notre AUCA et ces espaces de lutte

Comme il est écrit dans notre texte fondateur, notre organisation n'est pas une fin en soi mais un moyen de parvenir à nos fins : la création d'un pouvoir populaire qui prenne en compte les demandes du peuple et puisse se révéler une réelle menace pour ceux d'en haut. AUCA s'est construite dans une stratégie révolutionnaire qui signifie une rupture avec le capitalisme, l'avènement du socialisme et la liberté ; pour aller vers une société sans classes, où l'économie et les décisions politiques seraient socialisées. Dans ce but, notre organisation agit à plusieurs niveaux : militant, associatif, étudiant, syndical... pour créer un pouvoir populaire issu de tous ces secteurs. Nous soutenons les différentes luttes en cours en nous investissant dans différents mouvements, à une condition toutefois : que ces espaces soient fédérateurs, combatifs, démocratiques et que l'unité et la liberté soient leurs étendards pour créer un «front des classes opprimées». C'est pourquoi nous luttons dans ces espaces, en participant à l'organisation et aux luttes de ces structures.

Nous ne prétendons pas détenir la vérité. Les personnes d'AUCA discutent, échangent, créent des liens avec ces structures  pour parvenir à un plus grande harmonie des luttes. Nous nous reconnaissons dans la tendance idéologique qui présuppose, dans les grandes lignes, l'unité des forces et des capacités des militants libertaires pour lutter dans les différents domaines où la lutte des classes s'exprime. C'est pour cela que nous luttons dans les quartiers populaires, syndicats, écoles et les luttes des minorités... En tant qu'organisation anarchiste et grâce à notre identification et appartenance aux classes opprimées, nous nous inscrivons dans le mouvement social pour y participer et dynamiser les luttes de notre époque.

Nos différentes luttes devraient converger pour abattre notre ennemi commun. C'est la tâche qui incombe aux anarchistes, d'initier et de dynamiser tous les espaces où notre classe s'organise en dehors des organisations à la botte de la domination et de l'exploitation. C'est-à-dire que notre organisation n'essaye pas d'être le guide suprême du mouvement social ni de le remplacer. Elle ne s'en sert pas non plus pour augmenter le nombre de ses militants. Notre but est de servir de moteur en terme d'organisation et de donner un souffle libertaire à tous ces mouvements, ce qui n'est pas contradictoire. On ne peut pas nier que certains partis de gauche étouffent les luttes des classes populaires, loin de nous l'idée d'agir de la sorte, vu que nous sommes nés du besoin d'autonomie de notre classe. Ce que nous ne cacherons jamais, c'est que nous tentons de créer un pouvoir populaire dans une optique anarchiste. Nous cherchons à développer les forces populaires, c'est pourquoi nous croyons que les luttes populaires doivent s'autonomiser par rapport aux forces du système, aux gens d'en haut, à la recherche d'un pouvoir local et global, forgeant nos propres destins. Cette autonomie commence par l'accès à la connaissance et la confiance dans les forces populaires.

Nous pensons que le socialisme se construit ici et maintenant. Nous luttons pour une société organisée par la base, par ces organisations et institutions du pouvoir populaire.



auca@data54.com
www.nodo50.org/auca